Le ‘tout-intégré’, nouveau credo du décisionnel ?
Les tenants du décisionnel jouent la confusion des genres. Ainsi, les éditeurs d’outils d’extraction de données, tel le leader mondial Informatica, abordent-ils désormais la business intelligence. Et vice versa. Objectif de ces éditeurs : élaborer des plates-formes couvrant tous les aspects du décisionnel… Mais le risque n’est-il pas d’aboutir à des applications lourdes à déployer ?
Dans un contexte économique plutôt défavorable aux investissements informatiques, un domaine échappe un peu au marasme ambiant. Il s’agit de la business intelligence, et plus généralement du décisionnel, dont la business intelligence est un sous-ensemble. A ce niveau, un peu de sémantique s’impose. Le décisionnel se décompose en trois classes d’outils : les outils d’extraction des données ou ETL, les outils d’administration des silos de données extraites (datawarehouses, datamarts…) et enfin les outils de restitution et d’analyse des données extraites. Ce sont ces derniers qui sont désignés par le terme de business intelligence.
Cette précision étant donnée, revenons à la relative bonne santé du décisionnel (voir édition du 25 avril 2002). Elle s’explique aisément : les périodes un peu difficiles économiquement incitent les entreprises à privilégier les projets à retour sur investissement rapide et mesurable. Et les projets décisionnels sont de ceux-là. Grâce à des outils analytiques, un directeur financier pourra, par exemple, mettre en place des indicateurs de pilotage fiables afin de mieux mesurer les performances de l’entreprise et ainsi être plus réactif dans la gestion au quotidien.
Un système d’information performant
Mais le déploiement de solutions décisionnelles n’obéit pas seulement à des besoins dictés par les aléas de la conjoncture. Il s’inscrit tout naturellement dans la construction d’un système d’information performant. Ces dernières années, les entreprises ont en effet porté leurs efforts sur la mise en oeuvre de PGI, puis elles se sont préoccupées du front-office : CRM, SCM… L’enjeu consiste désormais pour elles à se doter d’outils afin d’extraire, d’analyser, de personnaliser et de diffuser la masse de données produite par leur système d’information.
C’est dans ce contexte que l’éditeur américain Informatica a sorti il y a quelques semaines en France une plate-forme de business intelligence, Poweranalyzer et un datawarehouse, baptisé Warehouse. Concernant Poweranalyzer, Informatica met en avant l’architecture Web de son produit, laquelle facilite, selon l’argument bien connu, la diffusion de l’application dans l’entreprise. Quant à son datawarehouse, il se caractérise par une décomposition en modules métier (relation client, analyse financière, ressources humaines et gestion de la chaîne logistique), l’objectif étant d’accélérer son installation.
Informatica, un acteur complet du décisionnel
Informatica était jusqu’à présent surtout connu comme spécialiste, avec PowerCenter, d’une des briques du décisionnel, l’ETL, dont il est d’après IDC le leader mondial avec une part de marché en 2002 de 37 %. L’éditeur se positionne donc désormais comme un acteur complet du décisionnel. C’est du reste une tendance commune à tous les acteurs du décisionnel. Le français Business Object, qui vient, lui, de la business intelligence, a ainsi acquis cet été Acta Technology, lequel oeuvre dans les outils ETL d’extraction de données.
L’objectif pour ces éditeurs est évidemment de constituer une plate-forme décisionnelle complète présentant l’avantage de l’intégration native des divers composants entre eux. Bref, on retrouve les vertus du « tout-intégré », en opposition à l’intégration de modules issus de fournisseurs différents. Et de fait, il semble bien que ces éditeurs connaissent une évolution similaire à celles des éditeurs de PGI il y a une dizaine d’années, qui ont d’abord été des spécialistes de certains domaines de la gestion de l’entreprise avant d’en couvrir tous les aspects. Mais, à l’inverse des éditeurs de PGI, les spécialistes du décisionnel – Informatica en tout cas – adoptent d’emblée une approche métier afin d’éviter les déploiements longs et coûteux qui sont devenus une caractéristique des PGI.